La Maison-Miroir

La Maison-Miroir

Qu'est-ce qui aurait pu davantage plaîre en guise d'antre pour les Fous ? Un asile, sans doute !

Et bien, face à vous, voyez, malheur à vos préjugés, il s'agit là d'une incroyable bâtisse, immense et voûtée sur la ruelle que vous venez de remonter pour l'atteindre. Elle trône là, au milieu de cette zone abandonnée, entourée de terrains vagues où parfois l'on voit apparaître et disparaître dans un même temps des ombres sinueuses, aux limites de vos perceptions.

Eh bien, toujours prêt à entrer ? Soit soit !

La façade, d'un style dense et lourd, est penchée sur l'importun. Cadrillée de pignons, ces derniers, de bois massif, s'évasent aux pieds de la demeure en de multiples racines, comme si ce lieu s'était élevé à la façon de quelques plantes de pierre et de tuiles. Deux larges baies vitrées, à l'étage, crèvent la face blanche, offrant chacune un balconnet dont les balustrades présentent des voluptes fleuronnées. L'immense portail est surplombée d'un tympan gothique, habité de silhouettes trapues, obscures, aux corps torturés et dont les visages tourmentés sont tournés vers le visiteur.

Une fois les battants passés, le hall se révèle d'une profusion des genres, mêlant gothique à l'antiquité. L'ogive croisée qui surplombe le visiteur se voit ouvert d'un carré, alors qu'à ses pieds, au milieu des dallages de marbre, un impluvium s'étend, baigné d'une eau sombre où se moirent des lueurs fantômatiques. Aux murs pendent des scènes de chasse, toutes plus étranges les unes que les autres. Sur celle-ci, les chasseurs, montés par leurs chiens, s'élancent au trousse des chevaux. Sur celle-ci, des animaux étrangement humanoïdes tirent au mousquet sur des hommes nus. Et si vous avancez... mais êtes-vous sûr ? Oh, bien bien. Ne voyez-vous pas ? Il ne s'agit pourtant que de larges miroirs...

Ne quittez pas le chemin, d'accord ? Si vous ne le quittez pas, vous vous rendrez dans ce salon victorien aux murs couverts de pendus peint à même le velour bordeau; qui semblent vous suivre du regard. Pendus par le cou. Pendus par les pieds. Pendus par les mains. Ils sourient tous, d'un sourire un peu trop plein de dents. Entre eux, se trouvent accrochés tableaux témoignant de scènes de carnaval, où tout est permis, tout est fait, tout est défait. Les hommes en femmes, les femmes en hommes, les hommes avec les animaux autant que les femmes avec des animaux. Des scènes déviantes. Vous aimez la sexualité déviante ? Non ? Alors regardez plutôt ces masques. Ils viennent de partout dans le monde, ne sont-ils pas beaux ? Mais non, voyons, il n'y a pas de visages derrière, vous devez délirer. Asseyez-vous plutôt dans ces fauteuils rembourrés. Nous pourrions déguster du thé en dilettante, non ?

Et puis si cela ne vous intéresse pas, l'avenue des alcôves devraient vous plaîre. Si vous les trouvez. Agencé en vrai labyrinthe de verre, les alcôves sont protégés par de larges miroirs où sont creusés d'étroites ouvertes. J'espère que vous aimez votre reflet, il peut parfois être joueur. Eh bien, n'êtes-vous pas un petit Peter Pan en puissance ? Il y a des escaliers, je sais, ils mènent à la salle de réception. Ils sont disséminés un peu partout dans le labyrinthe, ça ne vous dérange pas ? La salle de réception... il n'y a pas de murs. L'on dirait une vaste prairie, l'herbe verte s'étend à perte de vue, sous une nuit claire et pâle. Des tables en bois ont poussé pour permettre l'organisation de beaux buffets. Et les arbres se plient à mille caprices pour se voir accrocher les fleurs de votre galerie. Mais je vois que vous n'aimez pas le grand air, alors continuons...

Peut-être verrez-vous, si vous êtes assez aventureux, après les couloirs aux angles improbables, qui se touchent, se coupent et se recoupent, un large choeur, fermant la demeure. Ce dernier forme une boursouflure, vu de l'extérieur, et y règne l'atmosphère religieuse qui convient à ces lieux...

Mais ces lieux, aussi étranges qu'ils soient, ne sont rien comparés au véritable coeur de la demeure. L'ombre elle-même, celle de l'âme, qui couvre d'un voile noir l'horreur dont recèle le coeur des invités. Prenez un couloir, prenez-en un autre. Tous se perdent dans les méandres de l'esprit, tous s'immiscient au plus profond de vous-même pour vous ammener en des lieux déjà vus. Déjà vécus. Ne vous perdez pas, vous ne voudriez pas être dévoré par vous-même ! Il y a des salles de jeux, vous pouvez en entendre l'écho. Par ici ! Là, la civilisation ne doit plus être loin, l'on entend des murmures, cachés par la coudée de ce couloir... mais non, ne serait-ce que fantômes et illusions ? Il existe bien des chambres, amménagées pour les invités, elles existent, oui, mais où ? En ces lieux imaginaires, tourmentés, où la réalité dérape entre deux arches pour vous égarer dans l'espace et le temps.

Respirez, vous en sortirez bien une nuit ou l'autre...

[ La description sera complétée, si besoin est, de pièces à l'usage des différents intervenants malkaviens y résidant. ]
[ Ou selon mon bon vouloir, hein ! ^^ ]

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